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mêmes et n’attendre leurs capitaux que de leur épargne personnelle.

Or, il y a des industries qu’on ne peut aborder sans avoir beaucoup d’argent. Chacun sait aujourd’hui que l’outillage le plus perfectionné donne les meilleurs produits et au meilleur compte ; qu’une fabrique médiocrement installée est obligée de vendre à plus haut prix qu’une manufacture de premier ordre et que le consommateur préférera toujours, à mérite égal, la marchandise la moins chère. Il est donc impossible qu’un petit capital, c’est-à-dire un pauvre outillage, soutienne la concurrence des millions armés en guerre. Par exemple, une filature de 100 000 fr. ou même de 300 000 serait condamnée à mort avant le jour de sa naissance.

Il faut donc reconnaître, avant tout, que les sociétés coopératives de production n’ont rien à faire avec les industries qui procèdent à coups de capitaux.

Quelques flatteurs ont dit à la classe ouvrière : « Pour fonder une manufacture de deux millions et demi, vous n’avez qu’à vouloir. Cent mille travailleurs associés se cotisent pendant un an, sur le pied de cinquante centimes par semaine. Le 31 décembre, ils auront réuni la somme de 2 600 000 fr. » Rien de plus vrai. Mais pensez-vous qu’un outillage