Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/56

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cette récolte. Il n’a fait en réalité que réunir sous la forme la plus utile à l’homme des éléments qui existaient tous, mais inutiles, impropres à la consommation, épars dans l’air, dans l’eau, dans la terre, dans le fumier. C’est bien lui qui a créé l’utilité contenue dans son blé, car ce blé n’existerait pas en tant que blé si le bonhomme n’avait labouré, semé, hersé, sarclé, moissonné et battu en grange. Mais le meunier qui produit la farine et le boulanger qui produit le pain ne sont pas les parasites du laboureur ; ils sont des fabricants d’utilité, comme lui.

L’éleveur fait des bœufs, en ce sens qu’il provoque leur naissance, surveille leur croissance et fournit leurs aliments. Mais il n’a pas créé un atome de leur corps ; il n’a fait que présider à ce phénomène naturel qui transforme cinq cents kilogrammes de bon fourrage vert en un kilogramme de viande. Il a produit une dose incontestable d’utilité, je le déclare. Mais l’homme d’abattoir qui tue le bœuf et le découpe en quartiers ; mais l’étalier qui le débite en petites fractions et vous dispense d’acheter tout un bœuf pour mettre le pot-au-feu, produisent une utilité aussi positive que l’éleveur lui-même.

Transformer une chose inutile en chose utile, c’est produire.