Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/90

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en France : de là les traités d’extradition entre les peuples civilisés. Deux États pourraient être en guerre sans suspendre l’effet de ces traités, tant la répression du vol est un intérêt supérieur à ceux qui divisent les peuples. Il s’agit de maintenir et de confirmer ce principe de justice universelle : le produit appartient au producteur.

On s’étonne quelquefois de voir les tribunaux frapper des mêmes peines le vol d’un million et le vol de cent francs. Pourquoi la conscience des magistrats, si scrupuleuse à établir la qualité d’un vol, semble-t-elle indifférente à la quantité ? Parce que la quantité volée, fût-elle d’un million, est peu de chose auprès du dommage moral qui affecte l’humanité tout entière. Le vol d’un million, ou le vol d’un centime, s’il était toléré par les lois, frapperait d’une égale dépréciation tous les produits du travail. Nous estimons nos biens en raison de la sécurité qui les entoure. Si vous n’étiez qu’à moitié sûr de posséder tranquillement votre montre, qui vaut cent francs, elle n’en vaudrait plus que cinquante. Les lois sont faites en vue de la sécurité publique. Elles punissent sévèrement le vol domestique, pour que l’homme de bien se sache protégé contre le plus facile de tous les crimes ; elles font une différence entre le voleur de jour et le voleur de nuit, le voleur sans armes et