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mai de l’année dernière, sept millions trois cent mille électeurs, parmi lesquels M. Guizot, cette gloire, et M. Laboulaye, cette lumière, confiaient les destins de la France au bon plaisir de Napoléon III.

L’empereur n’était plus jeune, et il était infatué au plus haut point par une succession de victoires faciles. Il croyait à son étoile, à son génie, au canon de bronze rayé, au fusil Chassepot, à la mitrailleuse de Meudon, à la supériorité d’une armée qu’il avait énervée lui-même en remplaçant les vieux ressorts du devoir et de l’honneur par un misérable intérêt d’argent. Aigri, depuis quatre ans, par son mécompte de Sadowa, et directement provoqué par l’intrigue des Prussiens en Espagne, il ne sut pas se contenter d’une victoire diplomatique qui laissait son prestige intact. Il se jeta tête baissée, et nous tous avec lui, dans une nouvelle aventure, où la valeur de nos troupes ne pouvait contre-balancer ni la supériorité du nombre, ni l’armement, ni la tactique de l’ennemi. Cette guerre, étourdiment déclarée, fut conduite au début avec une mollesse et une irrésolution qui livrèrent nos armées, l’une après l’autre,