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BELFORT.

tiennent à l’opinion publique de l’Europe et du nouveau Monde ; ils sont enregistrés depuis plus d’une année par l’auguste conscience du genre humain. Comment croire qu’un seul Moltke ou un simple Bismarck ose rompre en visière à l’univers entier pour le plaisir assez stérile, en somme, de rester maître de Belfort ?

Non, non, nous n’avons rien à craindre de ce côté si le programme tracé par les diplomates de Francfort s’exécute jusqu’au bout. Lorsque le dernier centime des cinq milliards de la rançon française sera tombé dans la caisse de nos vainqueurs, les Allemands s’éloigneront de Belfort en grondant, comme un dogue quitte un os après l’avoir léché, mordu et roulé entre ses mâchoires ; mais ils n’oseront pas le garder.

S’ils s’y retranchent aujourd’hui, c’est que ce peuple trop bien servi de la fortune compte encore vaguement sur l’imprévu. Que faudrait-il pour lui donner sinon un droit, du moins un prétexte à rupture ? Presque rien : quelque complication dans la politique générale de l’Europe ; moins encore, une émeute à Paris, à Lyon, à Marseille ; le drapeau rouge arboré sur le clocher de quelques hameaux ; une altercation sanglante et impunie entre l’armée d’occupation et le peuple des départements occupés.

Donc, soyons sages !