Page:About - Alsace, 1875.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
325
ÉPILOGUE.

Ce qui m’importait autrement, c’était d’ôter aux ennemis intérieurs de la république toute occasion de tourner mon accident contre elle et d’accuser l’impuissance du gouvernement. Il était trop facile de prévoir que les divers partis monarchiques reprocheraient à M. Thiers de laisser un Français, arbitrairement arrêté, entre les griffes de la police allemande. Je me fis donc un devoir d’envoyer, le jour même, à M. de Rémusat, notre jeune et brillant collaborateur, M. Paul Lafargue, qui était accouru à Strasbourg pour m’offrir ses bons offices. Il retourna à Paris, vit le ministre des affaires étrangères, et, après lui avoir transmis mes plus vifs remerciements pour ses intentions bienveillantes, il lui dit que je désirais garder ce litige pour moi seul ; que les pouvoirs publics n’ont pas le droit d’assister un homme malgré lui, et que, d’ailleurs, j’étais bien sûr de me tirer d’affaire.

Les amis qui purent m’approcher ce jour-là me fournirent des explications très-vraisemblables, sinon positives, sur le fait de l’arrestation. Le mandat d’amener, lancé, le 27 octobre 1871, à la suite d’un feuilleton du Soir, était resté lettre morte jusqu’à notre retour en Alsace. En septembre 1872, un Prussien de Saverne, sous-préfet ou magistrat, avait annoncé mon arrivée au préfet de Strasbourg, en demandant des ordres. Le préfet en avait référé au gouverneur général du pays annexé, M. de