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et financières doivent céder le pas à la grande affaire du jour.

« Pourquoi a-t-on souscrit si vite l’emprunt de la ville de Paris ? Pour qu’il n’en fût plus question, et qu’on revînt au plus tôt à la crinoline. Il paraît que tous les journaux ont consacré au moins un article au luxe effréné. Les Débats ont rempli trois colonnes ; la Revue des Deux-Mondes prépare des arguments nouveaux et décisifs. Allons ! n’attendons pas que l’affaire ait perdu le mérite de l’actualité.

Ce qui frappe à première vue dans cette discussion que j’ai suivie de mon mieux, c’est la déviation progressive du débat et son rétrécissement continu.

Un vertueux pétitionnaire écrit au Sénat pour se plaindre de Mlles X, Y et Z, qui ont éclaboussé sa femme dans la rue et loué une première loge à l’Opéra quand madame étouffait aux troisièmes. Le Sénat, orné de toutes les vertus qui sont le fruit de l’âge et de l’expérience, commence par fermer ses portes, qui, d’ailleurs, ne sont jamais ouvertes, et, dans une intimité deux fois close, cherche s’il n’y aurait pas des mesures à prendre contre le débordement des mauvaises mœurs. Là-dessus, M. Dupin aîné, avec sa brusquerie célèbre, donne un coup de boutoir dans les crinolines légitimes ;