Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/135

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quelque chose de plus. Il vit plus avec le soldat, il pénètre plus avant dans l’intimité de la troupe. Il est le père, le juge, l’ami de son régiment. L’avenir de chacun de ses hommes est dans ses mains ; le drapeau est déposé sous sa tente ou dans sa chambre. Le colonel et le drapeau ne sont pas deux, l’un est l’âme, l’autre est le corps ! »

Il demanda à M. Rollon la permission d’aller revoir et embrasser le drapeau du 23e.

« Vous le verrez demain matin, répondit le nouveau colonel, si vous me faites l’honneur de déjeuner chez moi avec quelques-uns de mes officiers. »

Il accepta l’invitation avec enthousiasme et se jeta dans mille questions sur la solde, la masse, l’avancement, le cadre de réserve, l’uniforme, le grand et petit équipement, l’armement, la théorie. Il comprit sans difficulté les avantages du fusil à piston, mais on essaya vainement de lui expliquer le canon rayé. L’artillerie n’était pas son fort ; il avouait pourtant que Napoléon avait dû plus d’une victoire à sa belle artillerie.

Tandis que les innombrables rôtis de Mme Renault se succédaient sur la table, Fougas demanda, mais sans perdre un coup de dent, quelles étaient les principales guerres de l’année, combien de nations la France avait sur les bras, si l’on ne pensait pas enfin à recommencer la conquête du monde ? Les renseignements qu’on lui donna, sans le satis-