Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/142

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Toulouse, je veux cueillir des lauriers, dussé-je les arroser de mon sang ! » Le pâle olivier de la paix n’obtenait que mes mépris. C’est en vain qu’on célébrait les triomphes pacifiques du barreau, les molles délices du commerce ou de la finance. À la toge de nos Cicérons, à la simarre de nos magistrats, au siège curule de nos législateurs, à l’opulence de nos Mondors, je préférais le glaive. On aurait dit que j’avais sucé le lait de Bellone. « Vaincre ou mourir » était déjà ma devise, et je n’avais pas seize ans !

« Avec quel noble mépris j’entendais raconter l’histoire de nos protées de la politique ! De quel regard dédaigneux je bravais les Turcarets de la finance, vautrés sur les coussins d’un char magnifique, et conduits par un automédon galonné vers le boudoir de quelque Aspasie ! Mais si j’entendais redire les prouesses des chevaliers de la Table ronde, ou célébrer en vers élégants la vaillance des croisés ; si le hasard mettait sous ma main les hauts faits de nos modernes Rolands, retracés dans un bulletin de l’armée par l’héritier de Charlemagne, une flamme avant-courrière du feu des combats s’allumait dans mes yeux juvéniles.

« Ah ! c’était trop languir, et mon frein rongé par l’impatience allait peut-être se rompre, quand la sagesse d’un père le délia.

« Pars, me dit-il, en essayant, mais en vain, de