Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/166

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Léon, mais elle aimait mieux mourir, disait-elle, que de donner sa main sans la permission de M. Fougas. Elle promit de l’implorer à deux genoux s’il le fallait et de lui arracher son consentement.

« Mais s’il refuse ? Et c’est trop vraisemblable !

— Je le supplierai de nouveau jusqu’à ce qu’il dise oui. »

Tout le monde se réunit pour lui prouver qu’elle était folle ; sa tante, Léon, M. et Mme Renault, M. Martout, M. Bonnivet et tous les amis des deux familles. Elle se soumit enfin, mais presque au même instant la porte s’ouvrit et M. Audret se précipita dans le salon en disant :

« Eh bien ! voilà du nouveau ! Le colonel Fougas qui se bat demain avec M. du Marnet ! »

La jeune fille tomba comme foudroyée entre les mains de Léon Renault.

« C’est Dieu qui me punit, s’écria-t-elle. Et le châtiment de mon impiété ne s’est pas fait attendre ! Me forcerez-vous encore à vous obéir ? Me traînera-t-on à l’autel malgré lui, à l’heure même où il exposera sa vie ? »

Personne n’osa plus insister en la voyant dans un état si pitoyable. Mais Léon fit des vœux sincères pour que la victoire restât au colonel de cuirassiers. Il eut tort, j’en conviens, mais quel amant serait assez vertueux pour lui jeter la pierre ?