Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/185

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Londres ; il a même daigné s’arrêter quelques jours dans mon petit château de Lancashire.

— Tant mieux pour vous si ce jeune homme est assez bon pour oublier ce que vous avez fait à sa famille ; mais Fougas ne vous pardonnera jamais vos crimes envers son pays ! »

Là-dessus, comme on arrivait à la gare de Melun il ouvrit la portière et s’élança dans un autre compartiment. Il s’y trouva seul devant deux jeunes messieurs qui n’avaient point des physionomies anglaises, et qui parlaient français avec le plus pur accent tourangeau. L’un et l’autre portaient leurs armoiries au petit doigt, afin que personne n’ignorât leur qualité de gentilshommes. Fougas était trop plébéien pour goûter beaucoup la noblesse ; mais, au sortir d’un compartiment peuplé d’insulaires, il fut heureux de rencontrer deux Français.

« Amis, dit-il en se penchant vers eux avec un sourire cordial, nous sommes enfants de la même mère. Salut à vous ; votre aspect me retrempe ! »

Les deux jeunes gens ouvrirent de grands yeux, s’inclinèrent à demi et se renfermèrent dans leur conversation, sans répondre autrement aux avances de Fougas.

« Ainsi donc, mon cher Astophe, disait l’un, tu as vu le roi à Froshdorf ?

— Oui, mon bon Améric ; et il m’a reçu avec la grâce la plus touchante. « Vicomte, m’a-t-il dit,