Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/224

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Meiser jeta son revolver et se traîna comme une bête jusqu’aux pieds de Fougas. Sa femme qui n’était pas plus rassurée le suivit. L’un et l’autre joignirent les mains, et le gros homme s’écria :

« Ombre ! j’avoue mes torts, et je suis prêt à les réparer. Je suis coupable envers toi, j’ai transgressé les ordres de mon oncle. Que veux-tu ? Que commandes-tu ? Un tombeau ? Un riche monument ? Des prières ? Beaucoup de prières ?

— Imbécile ! dit Fougas en le repoussant du pied. Je ne suis pas une ombre, et je ne réclame que l’argent que tu m’as volé ! »

Meiser roulait encore, et déjà sa petite femme, debout, les poings sur la hanche, tenait tête au colonel Fougas.

« De l’argent, criait-elle. Mais nous ne vous en devons pas ! Avez-vous des titres ? montrez-nous un peu notre signature ! Où en serait-on, juste Dieu ! s’il fallait donner de l’argent à tous les aventuriers qui se présentent ? Et d’abord, de quel droit vous êtes-vous introduit dans notre domicile, si vous n’êtes pas une ombre ? Ah ! vous êtes un homme comme les autres ! Ah ! vous n’êtes pas un esprit ! Eh bien ! monsieur, il y a des juges à Berlin ; il y en a même dans les provinces, et nous verrons bien si vous touchez à notre argent ! Relève-toi donc, grand nigaud : ce n’est qu’un homme ! Et vous, le revenant, hors d’ici ! décampez ! »