Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/253

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— Mon cœur ne m’a donc pas trompé ? vous êtes bien ma Clémentine !

— Oui, monsieur.

— Et tu m’as reconnu, brave et excellente femme !

— Oui, monsieur.

— Mais comment as-tu si bien caché ton émotion ?… Que les femmes sont fortes !… Je tombe du ciel au milieu de ton existence paisible, et tu me vois sans sourciller !

— Oui, monsieur.

— M’as-tu pardonné un crime apparent dont le destin seul fut coupable ?

— Oui, monsieur.

— Merci ! oh ! merci !… Quelle admirable famille autour de toi ! Ce bon Pierre qui m’a presque ouvert les bras en me voyant paraître, c’est mon fils, n’est-il pas vrai ?

— Oui, monsieur.

— Réjouis-toi : il sera riche ! Il a déjà le bonheur ; je lui apporte la fortune. Un million sera son partage. Quelle ivresse, ô Clémentine ! dans cette naïve assemblée, lorsque j’élèverai la voix pour dire à mon fils : « Tiens ! ce million est à toi ! » Le moment est-il venu ? Faut-il parler ? Faut-il tout dire ?

— Oui, monsieur. »

Fougas se leva donc et réclama le silence. On supposa qu’il allait chanter une chanson, et l’on se tut.