Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/280

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sulte de cette pièce que vous êtes né en 1789, et que vous avez aujourd’hui soixante-dix ans accomplis. Or la limite d’age étant fixée à soixante ans pour les colonels, à soixante-deux pour les généraux de brigade et à soixante-cinq pour les divisionnaires, je me vois dans l’absolue nécessité de vous porter au cadre de réserve avec le grade de colonel. Je sais, monsieur, combien cette mesure est peu justifiée pour votre âge apparent et je regrette sincèrement que la France soit privée des services d’un homme de votre vigueur et de votre mérite. Il est d’ailleurs certain qu’une exception en votre faveur ne provoquerait aucune réclamation dans l’armée et n’exciterait que des sympathies. Mais la loi est formelle et l’Empereur lui-même ne peut la violer ni l’éluder. L’impossibilité qui en résulte est tellement absolue, que si, dans votre ardeur de servir le pays, vous consentiez à rendre vos épaulettes pour recommencer une nouvelle carrière, votre engagement ne pourrait être reçu dans aucun des régiments de l’armée. Il est heureux, monsieur, que le gouvernement de l’Empereur ait pu vous fournir des moyens d’existence en obtenant de S. A. R. le régent de Prusse, l’indemnité qui vous était due ; car il n’y a pas non plus d’administration civile où l’on puisse faire entrer, même par faveur, un homme de soixante-dix ans. Vous objecterez très-justement que les lois et les réglemente datent d’une époque où les