Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/31

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enfants s’écrient avec raison : « La petite bête est morte. » Mais suppose une montre solide, bien établie, saine de tout point, et arrêtée parce que les organes ne glissent plus faute d’huile, la petite bête n’est pas morte : il ne faut qu’un peu d’huile pour la réveiller.

« Voici un chronomètre excellent, de la fabrique de Londres. Il marche quinze jours de suite sans être remonté. Je lui ai donné un tour de clef avant-hier, il a donc treize jours à vivre. Si je le jette par terre, si je casse le grand ressort, tout sera dit. J’aurai tué la petite bête. Mais suppose que, sans rien briser, je trouve moyen de soutenir ou de sécher l’huile fine qui permet aux organes de glisser les uns sur les autres, la petite bête sera-t-elle morte ? non, elle dormira. Et la preuve, c’est que je peux alors serrer ma montre dans un tiroir, la garder là vingt-cinq ans, et si j’y remets une goutte d’huile après un quart de siècle, les organes rentreront en jeu. Le temps aura passé sans vieillir la petite bête endormie. Elle aura encore treize jours à marcher depuis l’instant de son réveil.

« Tous les êtres vivants, suivant l’opinion du professeur Meiser, sont des montres ou des organismes qui se meuvent, respirent, se nourrissent et se reproduisent pourvu que leurs organes soient intacts et huilés convenablement. L’huile de la montre est représentée chez l’animal par une énorme quantité