Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/54

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souple et langoureuse dont les créoles ont le secret.

« Venez par là, dit-elle, que je vous montre tous les embellissements que nous avons faits dans le jardin. »

Léon admira tout ce qu’elle voulut. Le fait est qu’il n’avait d’yeux que pour elle. La grotte de Polyphème et l’antre de Cacus lui auraient semblé plus riants que les jardins d’Armide si le petit peignoir rose de Clémentine s’était promené par là.

Il lui demanda si elle n’aurait point de regret à quitter une retraite si charmante et qu’elle avait embellie avec tant de soins.

« Pourquoi ? répondit-elle sans rougir. Nous n’irions pas bien loin, et, d’ailleurs, ne viendrons-nous pas ici tous les jours ? »

Ce prochain mariage était une chose si bien décidée qu’on n’en avait pas même parlé la veille. Il ne restait plus qu’à publier les bans et à fixer la date. Clémentine, cœur simple et droit, s’exprimait sans embarras et sans fausse pudeur sur un événement si prévu, si naturel et si agréable. Elle avait donné son avis à Mme Renault sur la distribution du nouvel appartement, et choisi les tentures elle-même ; elle ne fit pas plus de façons pour causer avec son mari de cette bonne vie en commun, qui allait commencer pour eux, des témoins qu’on inviterait au mariage, des visites de noce qu’on ferait