Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/93

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pas sous le feu sans courir sur l’artillerie qui le foudroie » Le 23e, mené par le colonel Fougas, gravit la hauteur au pas de charge, cloua les artilleurs sur leurs pièces et enleva la redoute. »

Les officiers et les soldats, fiers à bon droit de cette action mémorable, vénéraient sous le nom de Fougas un des ancêtres du régiment. L’idée de le voir reparaître au milieu d’eux, jeune et vivant, ne leur paraissait pas vraisemblable, mais c’était déjà quelque chose que de posséder son corps. Officiers et soldats décidèrent qu’il serait enseveli à leurs frais, après les expériences du docteur Martout. Et pour lui donner un tombeau digne de sa gloire ils votèrent une cotisation de deux jours de solde.

Tout ce qui portait l’épaulette défila dans le laboratoire de M. Renault ; le colonel des cuirassiers y revint plusieurs fois, dans l’espoir de rencontrer Clémentine. Mais la fiancée de Léon se tenait à l’écart.

Elle était heureuse comme une femme ne l’a jamais été, cette jolie petite Clémentine. Aucun nuage ne voilait plus la sérénité de son beau front. Libre de tous soucis, le cœur ouvert à l’espérance, elle adorait son cher Léon et passait les jours à le lui dire. Elle-même avait pressé la publication des bans.

« Nous nous marierons, disait-elle, le lendemain de la résurrection du colonel. J’entends qu’il soit