Page:About - La Question romaine.djvu/15

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quez le parti conservateur, c’est-à-dire les hommes qui ont un intérêt dans le gouvernement et les malheureux qu’il a tout à fait abrutis ; il ne reste que des mécontents.

Tous les mécontents ne sont pas de la même complexion. Les uns supplient poliment et inutilement le saint-père de réformer les abus : c’est le parti modéré. Les autres se proposent de mettre le gouvernement tout entier à la réforme ; on les appelle radicaux, révolutionnaires ou démagogues, ce qui est une injure assez grave. Cette dernière catégorie n’est pas précisément difficile sur le choix des mesures à prendre. Elle pense, comme les casuistes de la compagnie de Jésus, que la fin justifie les moyens. Elle dit que si l’Europe la laisse en tête à tête avec le pape elle commencera par lui couper le cou.

Les modérés s’expriment clairement ; les mazzinistes crient fort : il faudrait que l’Europe fût bien sotte pour ne pas comprendre les uns, et bien sourde pour ne pas entendre les autres.

Qu’arrive-t-il ? Tous les États qui se soucient de la paix, de l’ordre public, de la civilisation, supplient le pape de corriger quelque chose. « Ayez pitié, lui dit-on, sinon de vos sujets, au moins de vos voisins, et sauvez-nous de l’incendie ! »

Toutes les fois que cette intervention se renouvelle, le pape fait appeler son secrétaire d’État. C’est un cardinal qui règne sur le saint-père dans les affaires temporelles comme le saint-père règne sur 139