Page:About - La Question romaine.djvu/168

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Rome. Le coupable en fut quitte pour quelques mois de prison.

Vous me demanderez pourquoi les juifs ne fuyaient pas à cent lieues de cette vallée de boue ? Hélas ! c’est qu’ils y étaient nés. La modicité des impôts et des loyers les retenait aussi. Ajoutez la charité dédaigneuse des papes, qui leur jetait quelques os à ronger en temps de famine ou d’inondation. D’ailleurs les voyages coûtent cher, et il n’y a point de passe-ports pour tout le monde.

Mais si, par quelque miracle d’industrie, un de ces malheureux amassait un peu d’argent, son premier soin était de dérober sa famille et lui-même à l’avanie du Ghetto. Il réalisait sa petite fortune et courait chercher, en pays moins catholique, la liberté et la considération. C’est pourquoi le Ghetto se trouva aussi pauvre à l’avénement de Pie IX qu’aux plus mauvais jours du moyen âge.

L’histoire s’est hâtée d’écrire en lettres d’or tous les bienfaits du pape régnant, et surtout l’affranchissement des juifs.

Pie IX a démoli les portes du Ghetto. Il a permis aux juifs de circuler nuit et jour dans la ville, et d’habiter partout. Il les a dispensés du coup de pied municipal, et des 4 000 francs qu’il coûtait. Il a fermé la petite église où ces pauvres gens étaient catéchisés malgré eux et à leurs frais, tous les samedis. Il semble donc que son avénement ait été pour les juifs une ère de délivrance.