Page:About - La Question romaine.djvu/171

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Je veux bien que Pie IX ait eu un mouvement généreux au début de son règne, mais nous sommes dans un pays où le bien coûte des efforts énormes, tandis que le mal se fait tout seul. Figurez-vous un chariot montant une côte escarpée : il faut quatre bœufs pour le tirer en avant, et il recule de lui-même.

Si je vous racontais tout ce que M. de Rothschild a fait pour ses coreligionnaires de Rome, vous en seriez émerveillés. Non-seulement il les nourrit de son argent, mais il ne conclut pas une affaire avec le pape sans introduire un ou deux articles secrets en leur faveur. Et le chariot recule toujours.

L’occupation française devrait être un bienfait pour les juifs. Ce n’est pas le bon vouloir qui manque à nos officiers ; mais la mauvaise volonté des prêtres est plus forte que tout. Permettez-moi de vous conter une anecdote toute fraîche où vous verrez le combat de ces deux influences.

Un Israélite de Rome s’était fait cultivateur en dépit de la loi : un chrétien l’abritait de son nom pour sauver les apparences ; mais tous les voisins savaient que la récolte était le bien d’un juif : c’était à qui la volerait sur pied. Imaginez une ivresse de pillage, un délire de maraude. Le pauvre fermier, qui se voyait ruiné avant l’août, demanda très-humblement qu’on lui permît d’assermenter un garde pour la défense de son bien. L’autorité lui répondit que sous aucun prétexte on ne ferait jurer un chrétien pour le service d’un juif. Ainsi éconduit, il conta sa peine à quelques officiers français,