Page:About - La Question romaine.djvu/187

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mœurs, mais le diable n’y perd rien. Peut-être même les citoyens sont-ils d’autant plus contraires à la religion qu’elle règne sur eux. Notre ennemi, c’est notre maître : Dieu est trop le maître de ces gens-là pour qu’ils ne le traitent pas un peu en ennemi. L’esprit d’opposition s’appelle athéisme, quand les Tuileries s’appellent le Vatican. Un gamin de Rimini, qui me conduisait en voiture à Saint-Marin, a lâché un mot terrible qui me revient souvent à la pensée. « Dieu ? m’a-t-il dit. Je crois bien que, s’il y en a un, c’est un prêtre comme les autres. »

Ami lecteur, méditez cette polissonnerie. Quand je l’envisage de près, je recule d’épouvante comme devant ces crevasses du Vésuve, qui laissent entrevoir le gouffre.

Le pouvoir temporel a-t-il mieux servi ses intérêts que ceux de Dieu ? J’en doute. La députation de Rome était rouge en 1848. C’est Rome qui a nommé Mazzini. C’est elle qui le regrette encore dans les bas-fonds du quartier de la Regola, sur cette rive fangeuse du Tibre, où les sociétés secrètes pullulent aujourd’hui comme les moucherons au bord du Nil.

Si l’on montrait au philosophe Gavarni ces déplorables fruits d’une éducation modèle, il s’écrierait probablement : « Élevez donc les nations, pour qu’elles vous manquent de respect ! »