Page:About - La Question romaine.djvu/211

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que l’intérêt privé les attachera solidement au pouvoir, comme au dépositaire de leurs économies. Le bourgeois le plus indifférent et le plus lourd, s’il voyait brûler l’étude de son notaire, courrait sur les toits comme un chat pour éteindre le feu. En vertu du même principe, un gouvernement a d’autant plus à attendre de ses serviteurs qu’ils ont plus à espérer de lui.

— Sans doute ; je conçois votre raisonnement ; l’homme ne vit pas sans but. 120 écus de rente font un lit de repos fort agréable, au terme de la carrière militaire. À ce prix les candidats ne nous manqueraient plus. La classe moyenne elle-même solliciterait l’emploi de soldat aussi volontiers que les fonctions civiles, et nous pourrions choisir. C’est la dépense qui m’épouvante.

— Hélas ! monseigneur, vous savez que la bonne marchandise ne se vend jamais au rabais. Le gouvernement pontifical a 15 000 soldats pour dix millions. La France les payerait cinq millions de plus, mais elle en aurait pour son argent. Les hommes qui ont fait deux ou trois congés sont ceux qui coûtent le plus cher, et cependant il y a de l’économie à les garder sous les drapeaux, car chacun d’eux vaut trois conscrits. Voulez-vous, oui ou non, créer une force nationale ? Êtes-vous bien décidés ? Votre parti est-il bien pris ? Payez donc, et faites tous les sacrifices nécessaires. Si, au contraire, le gouvernement préfère l’économie à la sécurité, commencez par économiser les dix millions du budget de l’armée, et faites vendre à l’étranger ces