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Loterie pontificale ? Et que pensent les 139 millions de catholiques lorsqu’ils entendent leur souverain spirituel, par l’organe du prélat ministre des finances, s’applaudir que le vice est en progrès et que la loterie a bien donné ?

Les sujets du pape ne se scandalisent pas de ces contradictions, car ils y sont accoutumés. Elles frappent un étranger, un catholique, une simple unité prise au hasard dans les 139 millions ; elles lui inspirent un besoin irrésistible de défendre l’indépendance et la dignité de l’Église. Mais les habitants de Bologne ou de Viterbe, de Terracine ou d’Ancône sont plus occupés des intérêts nationaux que des intérêts religieux, soit parce qu’ils manquent du dévouement recommandé par M. Thiers, soit parce que le gouvernement des prêtres leur a fait prendre le ciel en horreur. Catholiques médiocres et citoyens excellents, ils réclament de tous côtés l’affranchissement de leur patrie. Les Bolonais prétendent qu’ils ne sont pas nécessaires à l’indépendance du pape, et qu’elle se passerait fort bien de Bologne, comme elle se passe d’Avignon. Chaque ville en dit autant, et si on les écoutait toutes, le saint-père, affranchi des tracas de l’administration, pourrait se consacrer sans partage aux intérêts de l’Église et aux embellissements de Rome. Les Romains eux-mêmes, pourvu qu’ils ne soient ni princes, ni prêtres, ni domestiques, ni mendiants, assurent qu’ils se sont dévoués depuis assez longtemps, et que M. Thiers pourrait bien en dévouer d’autres.