Page:About - La Question romaine.djvu/233

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étendue de terrain livrée au pâturage donnait 4 000 ou 4 600 fr. de revenu net !

Considérez, en outre, que ce n’est pas le revenu net, mais le revenu brut qui fait la richesse d’un pays. La culture de 100 rubbia, avant de mettre 5 000 écus dans la poche du fermier, on a jeté 8 000 dans la circulation. Huit mille écus, ou 42 800 fr. se sont dispersés dans les poches de 1 000 ou 1 500 pauvres diables qui en avaient bon besoin. Le pâturage, au contraire, ne profite qu’à trois personnes : le propriétaire, l’éleveur et le berger.

Songez enfin qu’en remplaçant la pâture par la culture, on remplacerait la fièvre par la santé : et c’est un profit qui vaut tous les autres.

Mais les gens d’église, qui possèdent ou administrent les biens de mainmorte, ne souscriront jamais à une révolution si salutaire : elle ne leur profite pas assez directement. Tant qu’ils seront les maîtres, ils préféreront à l’avenir du peuple la douceur de leurs habitudes et la fixité de leurs revenus.

Un pape qui mériterait des statues, Pie VI, conçut le projet héroïque de leur forcer la main. Il décida que 23 000 rubbia seraient cultivés tous les ans dans l’Agro Romano, et que toutes les terres subiraient tour à tour le travail de l’homme. Pie VII fit mieux encore : il voulut que Rome, cause de tout le mal, fût la première à fournir le remède. Il traça autour de la capitale une zone d’un mille, et enjoignit aux propriétaires de la cultiver sans réplique. Une deuxième zone, puis une troisième, devaient succéder à la première, et la culture,