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d’un ancien domestique de place. Le fils d’un boulanger épouse la fille d’un Lante de la Rovère, petite-fille d’un prince Colonna et d’une princesse de Savoie-Carignan. La querelle des princes et des ducs, qui passionnait si vivement notre superbe Saint-Simon, ne se renouvellera jamais, croyez-le bien, dans l’aristocratie romaine.

À quoi bon, grands dieux ? Ne savent-ils pas tous, ducs et princes, qu’ils sont inférieurs au plus piètre des cardinaux ? Le jour où un capucin reçoit le chapeau rouge, il acquiert le droit de les éclabousser tous.

Dans tous les États monarchiques, le roi est le chef naturel de la noblesse. Ce qu’un gentilhomme peut dire de plus fort à la louange de sa race, c’est qu’elle est noble comme le roi. Noble comme le pape serait tout bonnement comique, puisqu’un porcher, fils de porcher, peut être élu pape et recevoir le serment de fidélité de tous les princes romains. Ils ont donc bien raison de se croire tous égaux, ces pauvres grands seigneurs, puisqu’ils sont également humiliés par quelques prêtres.

Ils se consolent en pensant qu’ils sont supérieurs à tous les laïques de l’univers. Cette vanité douce, intime, point bruyante, encore moins insolente, mais solidement assise au fond de leurs cœurs, les aide à digérer l’affront quotidien de leur infériorité.

Je vois bien en quoi ils sont inférieurs aux parvenus de l’Église, mais la supériorité qu’ils pré-