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En ce temps-là, il fallait un mois ou deux pour arriver jusqu’à Rome ; on n’y venait donc point passer huit jours. Le fouet des postillons annonçait à la grande ville la visite d’un hôte distingué. Les domestiques de place accouraient au bruit. L’un d’eux s’emparait du nouveau venu, en se mettant à son service. Il lui fournissait en quelques jours palais, mobilier, laquais, chevaux et carrosses. L’étranger se débottait tout à l’aise, et faisait porter ses lettres de recommandation. La bonne compagnie lui ouvrait les bras aussitôt qu’elle avait vérifié ses titres. « Vous êtes des nôtres, » lui disait-on. Dès ce jour, il se trouvait partout chez lui. Il était de tous les écots, il dansait, soupait, jouait, et faisait sa cour aux dames. Vous pensez qu’il ne manquait pas de festoyer à son tour ceux qui l’avaient si bien reçu. Il ouvrait sa maison à la bonne compagnie, et ces brillants hivers de Rome en tiraient un nouvel éclat.

Nul étranger ne résistait à la tentation de rapporter quelques souvenirs d’une ville si féconde en merveilles. L’un s’abattait sur les peintures, l’autre sur les marbres antiques, celui-ci sur les médailles, et celui-là sur les livres. Le commerce de Rome s’en trouvait bien.

L’été chassait les étrangers comme les habitants, mais ils ne s’en allaient pas loin. Naples, Florence ou Venise les hébergeaient agréablement jusqu’au retour de la belle saison d’hiver. Et ils trouvaient d’excellentes raisons pour retourner à Rome, car c’est la seule ville du monde où l’on n’a jamais tout vu. Quelques-uns ou-