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par le climat et le plaisir, indifférent au sort des nations, étranger aux chicanes de la politique, il se convertira tout seul, entre une contredanse et une tasse de chocolat, aux idées de l’aristocratie romaine.

Si c’est un homme d’étude ou d’action, envoyé pour un certain but, chargé d’approfondir certains mystères ou d’appuyer certains principes, on entreprendra sa conversion. J’ai vu des officiers très-hardis, très-ouverts, très-gaillards et nullement suspects de jésuitisme se laisser entraîner doucement par une influence invisible dans les petits sentiers de la réaction, et jurer comme des païens contre les ennemis du pape. Nos généraux, moins faciles à prendre, se laissent prendre quelquefois. Le gouvernement les cajole sans les aimer.

On n’épargne rien pour leur persuader que tout est pour le mieux. Les princes romains, qui se croient supérieurs à tous les hommes, traitent avec eux sur un pied d’égalité parfaite ; les cardinaux les caressent. Ces hommes qui s’habillent d’une robe ont des séductions merveilleuses et des patelinages irrésistibles. Le saint-père s’entretient tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre ; il leur dit : « Mon cher général ! » Il faudrait qu’un militaire fût bien ingrat, bien mal-appris, bien dénué de respect pour l’âge et la faiblesse, bien déchu de la vieille chevalerie française, pour ne pas se faire tuer aux portes du Vatican où on le berne si bien.

Nos ambassadeurs, autres bons étrangers, sont en butte aux flatteries personnelles de la société romaine. Pauvre comte de Rayneval ! On l’avait tant choyé, tant