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PORTRAITS

mignonne à la porte de l’atelier ; qu’elles se vouent au noir et au blanc ; qu’on leur accordera tout au plus, par faveur, un ruban bleu dans les cheveux ; qu’elles seront traitées approximativement comme le père Léon Cogniet, cet octogénaire nerveux et pétillant, mais blanc sur noir, sans autre couleur, sauf la rosette et la palette. Elles vont pourtant à Bonnat, car ce n’est pas, elles le savent, un médiocre honneur de faire à soi seule un tableau et de marcher vers la postérité dans la puissance et dans la gloire.

Carolus Duran a des griffes qui rentrent, comme celles des plus terribles félins, devant les femmes et les enfants. Il saisit la beauté la plus fragile et la plus tendre par un geste de tigre amoureux, quelquefois même paternel. Les gens du monde qui sont gens de goût par surcroît assiègent son atelier parce qu’il a le don de peindre beau ; parce que les tons frais, blonds, nacrés ou dorés fleurissent spontanément sur sa palette. Mais il possède bien autre chose que le charme, ce déjeuner de soleil, et la plupart