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PEINTURE DE GENRE

l’on n’en voit pas. Ajoutons que le tableau, tout bon qu’il est, ne perdrait rien à être réduit de moitié. Il est pourtant infiniment moins disproportionné que le Semeur, de M. Aimé Perret, qui « marche dans la plaine immense » sur un rythme admirable de Victor Hugo. La peinture a le droit de traduire la poésie, mais il faut qu’elle s’inspire de son esprit. Sinon, elle ne fera que la travestir. Il n’y a rien de commun entre le semeur du poète et ce gros boulanger ventru à tête de veau qui ensemence une terre horriblement mal labourée. Et quant à la concierge œdémateuse qui tire la herse au second plan, elle pourra tirer ainsi pendant un mois sur les mottes énormes sans herser un are au total. M. Perret est un exécutant habile, il peint bien ; mais ce n’est pas tout de bien peindre, il faut penser à ce qu’on fait, choisir ses types, composer une action vraisemblable.

Celle que M. Benjamin Constant a mise en scène sous le titre de Passe-temps d’un calife ne doit pas être arrivée souvent,