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PAYSAGES

toute la vigueur de son talent, avant d’avoir donné le demi-quart de ce qui était en lui. Les deux tableaux que sa digne veuve a exposés, et surtout cette vue du Port de la Villette qui méritait de décorer la mairie du XIXe arrondissement, ne peuvent qu’exaspérer nos regrets en affirmant les qualités supérieures du modeste et vaillant peintre qui n’est plus.

Il nous reste des maîtres en petit nombre, presque tous contestés, car c’est surtout dans le paysage qu’il ne faut pas disputer des goûts et des couleurs. Après M. Français, ce savant éclectique et noble, qui peint comme on professe en Sorbonne, avec une superbe infaillibilité, la première place appartient, si je ne me trompe, à M. Camille Bernier. M. Bernier n’est pas de ceux qui se jettent sur un coin de campagne, bien ou mal choisi, et s’y enfoncent jusqu’aux oreilles, à la mode des veaux et des poulains de la vallée d’Auge. Il y a dans son talent une forte dose de philosophie, et l’essence dont il fait emploi se mélange de quintessence.