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PROLOGUE

tions et des commandes. L’introduction du suffrage universel, qui vaut son pesant d’or en démocratie, dans un monde essentiellement aristocratique menaçait d’abaisser au dernier degré le niveau de l’art et de transformer les salons en halles aux légumes et en marchés à la volaille. Un jury élu, où les représentants de l’administration, minorité écrasée d’avance, ne protestait que pour la forme, se donnait le malin plaisir d’admettre les ouvrages les plus nuls et les plus scandaleux. On a vu l’an dernier une véritable inondation de tableaux reçus intrépidement par des juges qui n’avaient rien à craindre de l’opinion publique et qui ne savaient rien refuser à leurs électeurs.

Il s’éleva une protestation énergique, un cri violent dans le monde des connaisseurs, et même, laissez-moi le dire, une révolte patriotique ; car nos expositions annuelles, jalousées par Londres, Rome et Berlin, ne sont pas rien dans notre gloire.

M. Jules Ferry et son digne collaborateur, M. Turquet, jugèrent qu’il était temps d’aviser ; ils réunirent le conseil supérieur des beaux-