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PROLOGUE

salles du palais de l’Industrie ; il lui prêta le personnel si intelligent et si honorable de ses gardiens ; il donna une subvention, il céda même le droit quasi régalien de frapper médaille.

Et voyez comme le bien jaillit naturellement du bien : ces artistes qu’on émancipait sans préparation, presque sans avis préalable, se sont élevés en un jour au niveau de leurs droits et de leurs devoirs. Autant on les avait vus, l’an dernier, enclins à mettre l’administration dans l’embarras, autant ils ont montré de bonne grâce à limiter leurs choix et à faire bonne police. En 1880, ils trouvaient très spirituel de recevoir 5 000 tableaux, sans savoir où M. Turquet et ses excellents employés pourraient les pendre, peut-être même heureux d’assister au débordement ridicule d’un flot de toile peinte qui menaçait l’Arc de l’Étoile après avoir rempli les galeries latérales. C’est que l’administration, impuissante et désarmée, mais visible, était responsable de tout. Aujourd’hui qu’ils sont responsables, ils sont sages, ils sont justes, ils sont exemplaires ; ils font comme un