Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/64

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mettre la main à la poche, elle interpella nos vainqueurs dans la langue de ses pères. L’anglais est un des rares idiomes qu’on peut parler la bouche pleine. « Réfléchissez bien à ce que vous allez faire, dit-elle d’un ton menaçant. Je suis Anglaise, et les citoyens anglais sont inviolables dans tous les pays du monde. Ce que vous me prendrez vous servira peu et vous coûtera cher. L’Angleterre me vengera, et vous serez tous pendus, pour le moins. Maintenant, si vous voulez de mon argent, vous n’avez qu’à parler ; mais il vous brûlera les doigts : c’est de l’argent anglais !

— Que dit-elle ? » demanda l’orateur des brigands.

Dimitri répondit « Elle dit qu’elle est Anglaise.

— Tant mieux ! Tous les Anglais sont riches. Dis-lui de faire comme vous. »

La pauvre dame vida sur le sable une bourse qui contenait douze souverains. Comme sa montre n’était pas en évidence, et qu’on ne faisait pas mine de nous fouiller, elle la garda. La clémence des vainqueurs lui laissa son mouchoir de poche.

Mary-Ann jeta sa montre avec tout un trousseau d’amulettes contre le mauvais œil. Elle lança devant elle, par un mouvement plein de grâce mutine, un sac de peau de chagrin qu’elle portait en bandoulière. Le brigand l’ouvrit avec un empressement de douanier. Il en tira un petit nécessaire anglais, un flacon de sels anglais, une boîte de pastilles de menthe anglaise et cent et quelques francs d’argent anglais.

« Maintenant, dit la belle impatiente, vous pouvez nous laisser partir : nous n’avons plus rien à vous. »