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dessiné d’un côté par une masse d’ombre, de l’autre par une masse de lumière. S’il approche jusqu’à dix pas, les masses d’ombre et de lumière qui dessinent sa figure nous donnent une idée générale de sa personne. Cinq pas de plus, et nous entrons dans le détail. Certains méplats qui nous avaient échappé complètent la première idée que nous avions conçue. Et maintenant, si nous le regardons jusque sous le nez, nous pourrons compter les poils de sa moustache, dont la masse nous avait frappés d’abord.

Voilà comment dessine la nature. Elle nous montre d’abord le mouvement et l’aspect général d’une figure vivante. Elle indique ensuite par des masses d’ombre et de lumière les formes principales du corps. Enfin elle nous fait voir par le menu les dernières particularités des objets et les moindres détails des moindres choses.

Tous les maîtres dessinent d’après nature, avec un respect religieux. Chez les grands artistes de l’Italie, quand le modèle avait jeté ses guenilles pour monter sur la table de l’atelier, le maître, avant de prendre ses pinceaux, se découvrait pieusement devant le corps qu’il allait peindre. Ce qu’il saluait, ce n’était ni Thomas l’Ours, ni Seveau, ni Mme Hercule ; c’était la divine nature, dans un de ses plus beaux ouvrages.

Non-seulement les maîtres dessinent d’après la