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RISETTE.

ANTONIN.

Évelina ! peut-on s’appeler Évelina ! Il y a, ma parole d’honneur, des parrains bien stupides.

ÉVELINA.

Ah çà ! monsieur, à qui en avez-vous ? Est-ce moi qui suis allée vous chercher ? Vous êtes venu ce matin…

ANTONIN.

J’étais une brute ce matin ; et vous qui n’avertissez pas : j’aurais dû m’en douter ; une fille qui mange des côtelettes aux cornichons, qui aime dans l’infanterie, qui connaît des cuisiniers ! Faut-il avoir été bête !…

ÉVELINA.

Si vous n’en voulez point, n’en dégoûtez pas les autres. Qu’est-ce que tout cela ? Il y a une heure vous étiez à mes genoux, vous me disiez que vous m’aimiez… (Elle va s’asseoir à gauche.)

ANTONIN.

Moi, vous aimer… (Risette entre doucement et écoute sans se montrer.) Moi, vous aimer ?… Mais je n’aime et je n’aimerai jamais qu’une fille au monde, la plus aimable des filles, qui réunit toutes les grâces et toutes les vertus, qui joint au plus charmant visage la voix la plus enchanteresse, qui n’a qu’à se montrer pour enlever tous les cœurs : je n’ai passé qu’une heure avec elle, et j’en suis amoureux pour la vie.

ÉVELINA, sèchement.

Je n’aime pas qu’on parle ainsi de mes amies devant moi. Allez lui dire ça à elle-même, si vous voulez.

ANTONIN.

Eh ! le puis-je ? voudra-t-elle me croire ? Aurai-je la pudeur de lui déclarer un amour qu’elle soupçonnera d’être intéressé ?…

ÉVELINA.

Intéressé ?… Elle n’a pas le sou.

ANTONIN.

Elle a cinq millions !

ÉVELINA.

Cinq millions !