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nes, il ne s’en vend pas un. Les libraires sont bien postés pour ce genre de statistique, puisqu’ils se chargent de l’approvisionnement des esprits. Cependant on compte dans Marseille quelques hommes sérieux et cultivés ; ils ont de quarante-cinq à soixante ans ; c’est une génération qui s’en va. On y compte aussi deux amateurs de peinture, dont l’un est par surcroît un connaisseur érudit. Il possède cinq tableaux, si j’ai bonne mémoire, mais le nombre n’y fait rien. C’est la Madeleine de Van Dyck, un admirable Christ de Rembrandt, et trois Poussin, dont un chef-d’œuvre. Ces cinq toiles sont conservées par leur maître avec un respect religieux dans un salon fait exprès, éclairé par le haut : des idoles dans un temple. L’autre galerie ne soutient pas la comparaison, quoiqu’elle ait coûté davantage et qu’elle vaille peut-être aussi cher (150 000 francs environ.)


La peinture moderne n’est pas en grand honneur à Marseille, et chaque fois qu’il y naît un artiste de talent, plaignez-le. La faim le chassera bientôt vers Lyon, vers Paris, ou même (cela s’est vu) jusqu’à Constantinople. On peut s’étonner à bon droit que les riches négociants, lorsqu’ils bâtissent à la ville ou à la campagne, prodiguent les marbres, les stucs, les métaux et les bois précieux, et lésinent uniquement sur l’art, qui est le plus beau luxe de la vie. J’ai visité au bord de la mer, des pavillons fort élégants, situés à merveille, bien bâtis, bien meublés, tapissés de plantes rares, entourés de fontaines délicieuses,