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fait retentir les marteaux de l’usine, se transporte économiquement sur toute la surface des mers. Marseille sera dans un peu de temps une des capitales de l’industrie française, et ses fabriques feront un tapage à réveiller Bordeaux.

En attendant, les principales industries de la ville occupent déjà quelque vingt mille ouvriers. On y fait beaucoup de sucre, d’huile et de savon, car nous sommes dans la métropole de l’épicerie française.

Le sucre de cannes nous arrive des colonies dans des caisses ou dans des couffes, sous la forme d’une poussière noirâtre et grumeleuse. Les raffineurs marseillais le mélangent, le fondent, le cuisent, le clarifient, le sèchent en pains, et le pulvérisent de nouveau. Ils sèment sur toutes les côtes de la Méditerranée cette poudre blanche, cristalline et étincelante dont les Méridionaux sont si friands. La métamorphose du sucre noir en sucre blanc durait trois ou quatre semaines, du temps que le trajet de Marseille à Constantinople durait trois ou quatre mois. Aujourd’hui la vapeur, qui peut tout, transforme le sucre en huit jours et le transporte en une semaine, et nos raffineurs renouvellent leur capital pour ainsi dire à chaque instant. Sur cent millions de kilogrammes qui se consomment tous les ans dans la Méditerranée, Marseille en fournit vingt ; les Belges et les Hollandais font le reste. Avant dix ans, s’il plaît à Dieu, tout le marché nous appartiendra et Marseille sera en mesure de sucrer la Méditerranée comme une simple tasse de café.