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aussi essentiellement humains et concrets que le sont les besoins et les capacités productives, leur tendance naturelle à constituer entre eux un rapport réel étant le processus primitif et déterminant l’organisation sociale, ne peuvent pas se développer dans le domaine supra-individuel, collectif, abstrait ; là seulement peuvent se trouver des besoins et des capacités où existent de vrais cerveaux et des cœurs humains, où se trouve l’être vivant qui désire et produit ; en lui donc seulement, dans l’individu, cette unique réalité qui sait souffrir et penser, peut, se former le véritable nœud vibrant de vie entre la technique et la culture sociale, entre ces deux éléments, — les besoins et les capacités, — qui, étant la dernière transformation de tous les processus historiques l’expression commune de toute l’hétérogénéité de la vie sociale, forment, en se mettant entre eux dans un certain rapport dans le corps vivant de l’homme, le germe idioplastique de l’organisme social.

Si donc nous considérons que la destinée de chaque processus historique est de se transformer en éléments techniques ou culturels, car chacun d’eux, quoique exprimé dans les termes abstraits d’une « collectivité » sociale, se passe néanmoins définitivement dans les cerveaux concrets humains, éveillant là, nécessairement, certains désirs et certains efforts vitaux ; si, en outre, nous remarquons que ces éléments-là, produits de l’histoire incorporés dans l’intérêt de la vie individuelle, s’accumulent immédiatement sous la forme de la production comme sa matière formative, car ce qui reste dans le domaine économique, après en avoir écarté son côté juridique, ce ne sont que les formes techniques et les besoins culturels et que ceux-ci comme celles-là, inséparablement unis entre eux et se recherchant mutuellement, quoique étant d’une origine sociale ne peuvent néanmoins former entre eux un rapport réel que là où les abstractions sociales se décomposent en leurs concreta humains ; si nous prenons tout cela en considération, alors il deviendra évident que cette propriété mystérieuse, qui fait de la production des richesses le substrat fondamental et le noyau formatif des organisations sociales, consiste en ceci : que c’est ici, sur le terrain des processus économiques, que les forces sociales se rencontrent et coopèrent entre elles dans l’homme vivant, où elles retrouvent leur source primitive et leur point d’appui réel.

Il en résulterait qu’au fond de toute organisation sociale on pourrait retrouver un certain rapport spécifique entre la technique et la culture, exprimé individuellement, et que cette coopération des capacités productives sociales et des besoins dans l’individu serait la vraie