Page:Abrantès - L’Exilé, Une rose au désert, tome 2.djvu/102

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— Oh ! sans doute… mais, princesse, n’entrez-vous pas dans ma pauvre demeure ?… Êtes-vous seule ?… à cette heure !…

— Seule ! oh ! non, mon bon Mané… je ne suis pas seule !…

Et, frappant dans ses mains, elle fit aussitôt apparaître Cassangé et Cuma, tous deux armés de leurs zagaies ; leurs vêtemens, ainsi que les siens, étaient couverts du sang du malheureux égorgé par le tigre et de celui de la bête féroce elle même. Le Singhille[1] les regardait tous trois et croyait faire un rêve pénible.

— Restez ici l’un et l’autre, dit Zingha à ses esclaves, et au moindre signal accourez à moi.

Elle leur dit ces mots assez bas pour que le vieux devin ne l’entendît pas, puis elle s’enfonça avec lui sous les profondeurs des voûtes de l’antique monument, construit par Tem-

  1. Singhille, devin-sorcier, prêtre. Ces hommes avaient le plus grand empire sur les nègres. Voir la Relation de l’Éthiopie occidentale par le P. Labbat.