Page:Abrantès - L’Exilé, Une rose au désert, tome 2.djvu/297

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che est muette, ma langue ne sait qu’un nom, je ne puis avoir qu’une pensée, cette pensée intime qui ne me quitte jamais et prouve qu’il y a une âme dans notre corps d’argile, car elle seule peut donner un sentiment absorbant tout ce qui n’est pas lui, et ne sachant enseigner la vie qu’en aimant et se donnant tout à lui. Alphonse !… je t’aime !… Comme je voudrais te répéter ces douces paroles sur les bords du Mondego, dont les rivages, bordés de lauriers roses, sont parfumés par les fleurs de l’oranger ! dont les eaux claires rafraîchissent le vent brûlant de ta contrée de feu, et rendent tiède son air suave et odorant !…

Et la séduisante créature se mit à réciter de beaux vers du Camoëns avec un accent tellement pur, même dans ses défauts, qu’Alphonse transporté se jeta à ses genoux en pressant ses mains contre son cœur, sur ses yeux mouillés de larmes, et lui disant de ces mots incohérens qui révèlent plus l’amour que tous les dis-