Page:Abrantès - L’Exilé, Une rose au désert, tome 2.djvu/55

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seuse et paraissait quelquefois partager tous les transports de l’Almée… Ses mains pressaient ses genoux, le coussin du divan sur lequel elle était assise, et même elle laissait échapper des sons qui annonçaient en elle comme un besoin de donner passage aux sensations qui l’opressaient. Ceux de sa nation sont en effet des êtres bien susceptibles de recevoir les impressions produites par la danse et le chant… Mais Zingha portait tout à l’extréme, et chez elle le plaisir était senti comme la douleur.

En la voyant suivre de l’œil les mouvemens de l’Almée, le vice-roi voulut produire à son tour une diversion dans cette âme dont on racontait des faits impossibles à croire pour des Européens civilisés : Il prit la main de l’Almée, et la mettant dans celle de Zingha :

— Plie le genou et prosterne-toi, jeune fille, lui dit-il, tu ne m’appartiens plus, tu es à la princesse : mérite ses bontés ; je lui remets tous mes droits sur toi.