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DISCOURS


de


M. PIERRE-LOTI


prononcé dans la séance publique du 7 avril 1892, en venant
prendre séance à la place de m. octave feuillet.

J’étais loin de France, naviguant sur un des cuirassés de l’escadre et arrivé de la veille au port d’Alger, le jour où votre compagnie, Messieurs, me fit le grand honneur inattendu de me donner ici la place vide qu’Octave Feuillet avait laissée.

Ce fut pour moi un inoubliable soir que celui du 21 mai 1891. L’élection avait eu lieu dans le jour, — et moi, par incrédulité absolue de ce grand triomphe, peut-être aussi par je ne sais quel tranquille fatalisme d’Oriental qui me reste au fond de l’âme, j’avais passé mon temps, l’esprit distrait et presque sans pensée, à errer tout en