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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/167

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main blanche ; cela ouvre tout à la fois les consciences et les serrures. Quand votre lettre arriva à Paris, où je demeurais sans trop savoir pourquoi, continua l’Irlandais en rougissant un peu, elle me plongea dans un grand embarras. Que faire et où aller ? Je commençai par courir à la campagne, chez votre sœur, Mlle Claudine…

– Ah ! fit Belle-Rose, qui ne put s’empêcher de remarquer l’émotion du gentilhomme à ce nom.

– Oui ; c’est une jeune personne qui a plus de sens que n’en promettent ses yeux gais et son sourire espiègle. J’attendais d’elle un bon conseil et la trouvai dans les larmes ; elle avait, comme moi, reçu un billet où vous lui marquiez votre intention de vous présenter devant le conseil de guerre de Cambrai. Elle se serait bien adressé à Mme d’Albergotti ; malheureusement le mari de cette dame était à Compiègne, et vous auriez eu dix fois le temps d’être fusillé avant que son intervention vous pût être de quelque secours. Ne sachant trop à quel parti m’arrêter, je pris au hasard, et vraiment sans savoir où j’allais, le chemin de l’hôtel de M. de Louvois. Je passe sous la porte cochère, je monte un escalier, et j’entre dans une salle où plusieurs personnes étaient réunies. Une porte était en face de moi, je m’avance, lorsqu’un huissier se lève. – Que désirez-vous ? me dit-il. – À ces mots, une résolution désespérée s’impose à mon esprit. – Ne pourrais-je pas parler à Son Excellence monseigneur le ministre ? dis-je à l’huissier. – Monseigneur est en affaires ; mais vous entrerez à votre tour ; quel nom dois-je annoncer à Son Excellence ? – Elle ne me connaît pas. – Vous avez bien alors une lettre d’introduction, un ordre d’audience ? – Je n’ai rien. – Il m’est, dans ce cas, tout à fait impossible de vous introduire auprès de monseigneur le ministre. – Cependant… – N’insistez pas, ma consigne me le défend. – Sur ces entrefaites, la porte s’ouvre, un gentilhomme se retire, un autre se présente, l’huissier me quitte et je reste livré à mes réflexions. Toutes les personnes qui