Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/171

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M. de Nancrais jouissait de la surprise et de l’émotion de Belle-Rose, dont les regards allaient de Cornélius au capitaine, et du capitaine au brevet.

– Vous aurez la survivance de M. de Villebrais, continua M. de Nancrais, de M. de Villebrais, que le corps des officiers chasse du bataillon en attendant qu’il rende à Dieu compte de ses infamies.

– Fasse le ciel qu’il passe sur mon chemin ! s’écria Belle-Rose.

– C’est une querelle dont je prendrais la moitié, dit le capitaine, s’il était digne de notre haine. Mais laissons au temps à faire son œuvre. La journée qui commençait mal finit bien, Belle-Rose, et les bonnes nouvelles arrivent coup sur coup. Demain nous partons pour la frontière du Nord.

– Est-ce la guerre ?

– C’est la guerre, et notre bataillon est attaché au corps d’armée que commande M. le duc de Luxembourg. C’est un vaillant homme de guerre, et sous ses ordres tu trouveras promptement l’occasion d’étrenner ton épée. Tiens-toi prêt ; les trompettes sonneront demain au point du jour.

– Parbleu ! Belle-Rose, s’écria Cornélius lorsque M. de Nancrais se fut retiré pour veiller aux derniers préparatifs du départ, la fortune vous traite en coquette qu’elle est. Après vous avoir boudé une heure, elle vous accable de faveurs.

– Je n’ai rien fait encore pour les gagner, mais j’espère que les Espagnols m’aideront à les mériter.

– Maintenant que vos affaires sont en bon chemin, votre lieutenance me permettra-t-elle de lui rappeler les miennes ?

– Les vôtres, mon cher Cornélius ? mais je les connais aussi bien que vous. Vous aimez une petite fille qui est ma sœur, et à la manière dont vous me regardez, j’ai tout lieu de croire que cette sœur vous rend cet amour de toute son âme.