Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/195

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coup, et Cornélius, mettant l’épée à la main, s’élança vers un champ voisin, d’où s’envolait un flocon de vapeur. Mais déjà les maraudeurs avaient disparu.

– Allons ! dit-il en revenant auprès de Belle-Rose, voilà une guerre où il n’y aura pas grand honneur à vaincre. Quels maladroits !

Ils traversaient le camp lorsque, au détour d’une rue, Cornélius poussa Belle-Rose du coude. – Regardez, lui dit-il. Belle-Rose leva les yeux et vit M. de Villebrais qui passait à cheval.

– Voilà, j’imagine, le capitaine des maraudeurs, reprit Cornélius.


M. de Villebrais venait à peine d’entrer au camp, que le bruit de son arrivée se répandit. Les états-majors des divers régiments qui composaient l’armée s’en émurent, et plusieurs officiers, qui avaient eu connaissance de sa conduite passée à l’égard de Belle-Rose et du meurtre de M. d’Assonville, exprimèrent hautement leur indignation. Tant d’audace les étonnait. Mais M. de Villebrais n’était pas homme à s’effrayer de ces rumeurs, et se sachant appuyé à la cour par un parent qui avait quelque crédit, il croyait pouvoir braver impunément l’opinion de ses pairs. C’était un de ces hommes, et le nombre en est plus considérable qu’on ne pense, qui ont le cœur lâche et l’esprit téméraire. Le soir donc de son arrivée, il se rendit en uniforme dans une auberge où les officiers qui n’étaient pas de service se réunissaient pour causer, boire et jouer. Il y avait, au moment où il entra, nombreuse compagnie. Belle-Rose, introduit par M. de Nancrais, qui s’était plu à le présenter lui-