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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/197

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épousseter la manche de son habit. L’élan était donné. Personne ne croyait de sa dignité de faire autrement que le capitaine d’artillerie, qu’on citait dans l’armée pour sa droiture et sa loyauté.

– Mais qui donc veut se battre de vous tous, lâches ! cria M. de Villebrais.

Un frisson parcourut le cercle des officiers, qui s’agita ; mais un capitaine de grenadiers intervint.

– Je crois qu’il serait à propos de faire bâtonner monsieur, dit-il en désignant du geste la pâle victime ; les valets de l’auberge pourraient nous servir à cet usage ; qu’en pensez-vous ?

– Oui ! oui ! répondirent quelques voix ; appelons les valets !

– Arrêtez ! reprit un lieutenant de canonniers ; ce sont d’honnêtes garçons que ça pourrait compromettre. Des laquais contre un bandit, la partie n’est pas franche. Quittons la place.

Le cercle des officiers se rompit et chacun se dirigea vers la porte. Belle-Rose avait été le témoin muet de cette horrible scène, il en avait froid au cœur. Au moment où il passait devant son ancien lieutenant, M. de Villebrais le reconnut.

– Oh ! s’écria-t-il avec un transport de rage, vous, au moins, tuez-moi ! – Et il tira son épée.

Belle-Rose appuyait déjà la main sur la garde de la sienne, lorsque M. de Nancrais le saisit par le bras.

– Monsieur Grinedal, lui dit-il d’une voix brève, Sa Majesté ne vous a pas donné une épée d’officier pour la salir.

L’épée de Belle-Rose, à demi tirée, rentra dans le fourreau, et tous les officiers sortirent lentement. M. de Villebrais, resté seul, chancela ; l’épée échappa à ses mains défaillantes, une sueur glacée mouilla ses tempes, et il tomba sur le carreau. Une heure après cette scène, le sergent la Déroute entrait dans l’auberge de l’air d’un homme qui a une mission délicate à remplir. Du premier