Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/210

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et poussa une petite porte à claire-voie, qui fermait l’entrée du jardin. Un éclat de rire à demi retenu l’arrêta. Le jardin semblait désert comme le logis, il fit encore un pas, et ce fut un autre éclat de rire qui retentit ; on ne voyait personne, mais les branches d’un sureau fleuri s’agitèrent devant lui, et derrière le feuillage tremblant il découvrit le frais visage d’une jeune fille qui souriait.

– Claudine ! s’écria-t-il, et ses bras étendus écartèrent le rempart léger qui le séparait de sa sœur.

Il avait d’abord aperçu Claudine ; il vit ensuite Cornélius.

– Tous deux ensemble, leur dit-il ; ma sœur et mon frère !

À ces mots qui les unissaient dans la pensée de Belle-Rose, Claudine rougit.

– Oh ! fit-elle avec un sourire sur les lèvres et les yeux baissés, il y a à peine deux minutes que M. Hoghart s’est présenté chez nous.

– Ton souvenir retarde peut-être un peu, reprit Belle-Rose ; mais c’est une douce erreur dont le bonheur seul a le privilège.

Cornélius tendit la main au jeune lieutenant.

– Je ne vous quitte plus, lui dit-il ; nos deux rois sont alliés et nos mains sont unies. Ma place est ici. Soldat, je me battrai comme un soldat.

Mais Belle-Rose avait dans ce moment tout l’égoïsme de l’amour ; lui aussi voulait un peu de cette joie que savouraient Claudine et Cornélius. Comme ces talismans qui allument la fièvre au cœur de ceux qui les touchent, la rose de Suzanne avait irrité son ardeur toujours contenue et toujours vivace.

– Claudine, dit-il tout bas à sa sœur, Mme d’Albergotti est-elle ici ?

À ce nom, le visage de Claudine se rembrunit.

– Oui, dit-elle.

– Puis-je la voir, lui parler ?

Claudine secoua la tête.