Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/215

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– Mon lieutenant, dit-il à Belle-Rose, attendiez-vous quelqu’un ce soir ?

– Non.

– Alors, c’est que quelqu’un vous attendait, sans doute.

– Que veux-tu dire ?

– C’est fort simple. Un jeune homme, un enfant, ma foi, quelque page, j’imagine, est venu, il y a une demi-heure, s’informer si vous étiez chez vous. Sur ma réponse négative, il m’a demandé s’il pouvait vous attendre : c’est pour une chose d’importance, a-t-il ajouté.

– Et que lui as-tu répondu ?

– Qu’il était parfaitement le maître de vous attendre jusqu’à demain, si ça lui plaisait. Je n’avais pas fini qu’il était déjà dans votre tente.

– Dans ma tente ?

– Où il est encore.

Belle-Rose écarta la toile qui fermait l’entrée. Au bruit de son arrivée, le page, qui était assis sur un coffre, la tête entre les mains, se releva. C’était Geneviève de Châteaufort.


À la vue de la duchesse, Belle-Rose se pencha vers l’ouverture.

– La Déroute, dit-il, reste là, et qui que ce soit qui vienne, ne laisse entrer personne.

– Bien ! dit le sergent. – Et il s’assit au clair de la lune, sur le tronc d’un arbre, sa pique entre les genoux.

Quand la portière se fut abaissée, Belle-Rose s’avança vers Mme de Châteaufort, qui tremblait de tous ses membres.