Aller au contenu

Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’elle faisait déjà pour la dixième fois, lorsqu’elle fut tirée de son isolement par une voix qui l’appelait. Claudine releva la tête et reconnut le caporal Grippard. Dans l’état d’agitation où elle était, la bonne figure de Grippard lui parut la meilleure et la plus aimable qu’elle eût jamais vue.

– Oh ! mon Dieu ! dit-elle en se redressant sur ses deux petits pieds, c’est le ciel qui vous envoie !

– Ma foi, mademoiselle, j’irai brûler un cierge au saint qui me vaut cette bonne fortune, répondit Grippard avec une grâce militaire qui, en toute autre occasion, eût fait sourire Claudine.

– Monsieur Grippard, reprit la jeune fille, vous allez me venir en aide ; moi, d’abord, je ne sais plus que devenir.

– Eh ! mon Dieu ! vous me dites cela d’un air tout singulier ; que vous est-il donc arrivé ?

– Vous ne savez donc pas ? on m’a enlevé Suzanne !

– Suzanne ! répéta Grippard d’un air surpris.

– Eh oui ! Mme d’Albergotti !

– La dame qui, avec mon ami la Déroute, s’est employée pour faire échapper mon capitaine ?

– Elle-même.

– Et à qui mon capitaine avait l’air de tant tenir ?

– Justement.

– Et qui diable peut s’être avisé d’avoir fait ce beau coup-là ?

– M. de Louvois.

– Aïe ! fit Grippard d’un air tout épouvanté.

– Vous allez m’aider à la retrouver, n’est-ce pas ?

– Je ne demande pas mieux, mais que voulez-vous que fasse un pauvre diable d’ex-caporal contre un ministre ?

– C’est égal, vous m’aiderez toujours.

– Très volontiers ; le capitaine Belle-Rose est un brave soldat qui ne m’a pas toujours puni toutes les