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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/371

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– Je ne crois pas, monsieur ; c’est une récente blessure qui doit s’être rouverte dans l’action.

– C’est toujours du sang versé pour moi, dit l’étranger avec noblesse ; le sang lie.

Et il tendit sa main à Belle-Rose, qui la serra. Tout compte fait, l’étranger avait cinq ou six égratignures ; son manteau, ayant presque tout paré, était horriblement troué.

– Messieurs, dit l’étranger en saluant, je suis le comte de Pomereux, envoyé de M. de Louvois.

À cette qualification, les deux amis échangèrent un rapide coup d’œil.

– Ma foi, monsieur, lui répondit Belle-Rose, me pardonnerez-vous si je n’imite pas votre franchise ? Je suis Français comme vous, mais de graves motifs m’obligent à cacher mon nom.

– Le bras me répond du cœur, repartit M. de Pomereux ; le reste ne me touche pas.

Au nom de M. de Pomereux, Claudine avait tressailli et l’avait regardé furtivement. Elle allait et venait par la chambre, préparant des verres de vin sucré et des compresses ; puis, quand tout fut en état, elle se retira, craignant d’être reconnue par le comte, qui l’avait vue quelquefois à Malzonvilliers. Ce pouvait être une découverte fâcheuse de la part d’un envoyé de M. de Louvois.

– Monsieur, dit M. de Pomereux en s’adressant à Cornélius quand Claudine se fut éloignée, les gens de votre nation, – car, à votre accent, j’imagine que vous êtes Anglais ?…

– Irlandais, monsieur, répondit Cornélius.

– Parfaitement ; je ne me trompais que d’un détroit ; les gens de votre nation, dis-je, ont d’étranges mœurs. J’ai failli être tué parce qu’il m’a semblé que certaines femmes de ce pays avaient l’impertinence d’être aussi jolies que les Françaises.

– Quoi ! pour cela seulement ? dit Belle-Rose.